La baisse du pouvoir d’achat suite à une inflation généralisée, le renchérissement du prix des véhicules ou encore, l’accès de moins en moins facilité au crédit… voilà quelques facteurs ayant fait que le marché automobile national a stagné en 2023. Explications…



Durant la première dizaine du mois de janvier, il est un grand rendez-vous que donne désormais chaque année l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) : celui de la présentation du bilan annuel du marché automobile national. Un exposé détaillé à travers un exercice auquel se plie avec brio le président de l’AIVAM, Adil Bennani. Celui-ci, devant un parterre de journalistes, de caméraman, ainsi qu’une foultitude de patrons et autres managers du secteur automobile, est d’abord revenu sur les différentes donnes ayant marqué «l’année automobile» mondiale en 2023.
Monde : reprise, mais pas au niveau pré-covid
On apprend d’abord que le marché automobile mondial a repris des couleurs, affichant une croissance de 10% à environ 89 millions de véhicules écoulés aux quatre coins du globe. Un seuil qui reste en deçà des 94 millions de ventes enregistrées en 2018, soit un peu plus d’un an avant l’arrivée du Covid 19. Il apparaît surtout que la croissance est de retour sur l’ensemble des grandes régions, qu’il s’agisse de l’Europe (+12%), les USA (+13%) et surtout de la Chine (+12%) qui signe une année record à environ 29 millions de véhicules vendus. On note surtout que les voitures électrifiées (hybrides, hybrides rechargeables et 100% électrique) ont cru de 20% par rapport à 2022, constituant désormais 17% des ventes mondiales, soit environ 14 millions d’immatriculations neuves, avec, là encore, une forte part (16%) réalisée en Chine. L’Empire du Milieu semble ainsi plus enclin à croitre que d’autres marchés. Et pour cause, il semble peu impacté par les hausses de matières premières, ainsi que le renchérissement du fret et des coûts de transport.
Du sur-place au Maroc ou presque
Voilà au moins deux raisons parmi d’autres qui expliquent la baisse ou la stagnation de la demande sur bien d’autres marchés mondiaux. C’est le cas du Maroc où le marché du neuf a clôturé à 161.504 véhicules neufs (VN) vendus, toutes catégories confondues (voitures particulières et véhicules utilitaires légers), soit à +0,1% par rapport à 2022 (161.410). Le marché national a ainsi terminé «flat» par rapport à l’année d’avant et cela, du fait d’une série de vents contraires. Parmi les facteurs défavorables, figurent d’abord une augmentation significative des prix du VN aboutissant à un surcoût de 15% à 20% par rapport aux tarifs d’il y a 3 ans. À côté de cela, les acheteurs ont subi de plein fouet les conséquences d’une inflation généralisée avec une baisse considérable du pouvoir d’achat, un renchérissement des produits (tous biens confondus) et une hausse du prix des carburants (+60% en 2 ans). En même temps, le crédit a subi un renchérissement de son coût et que ses conditions d’accès ont été durcis durant ces deux dernières années. Dans le détail, les ventes de voitures particulières (VP) en hausse de 1,4% ont tout juste compensé la baisse à deux chiffres (-11%) des livraisons de véhicules utilitaires légers (VUL).
Des classements chamboulés…
Une analyse des grands agrégats permet de constater, entre autres, une baisse confirmée des immatriculations de taxis, un fort regain du véhicule d’occasion (VO) importé (+10%) et une hausse des achats de VN de la part les loueurs (+22%). Du coté du marché VP, on a assisté à une reprise de la dynamique des ventes durant le dernier trimestre 2023, sous l’effet de la disponibilité, mais surtout d’une activité promotionnelle intense.
Au classement VP par marques, Dacia, Renault et Hyundai occupent les 3 du podium, toujours suivies par Peugeot, tandis que Volkswagen fait son entrée dans le top-5, remontant de 3 places et affichant une croissance spectaculaire de 51% avec 8.699 VP vendues.
Sur le segment utilitaire, Renault, DFSK et Ford arrivent en tête, suivies par Fiat et Toyota, alors que Mitsubishi, Hyundai, Volkswagen, Peugeot et Mercedes ferment le top-10. Par segments, les citadines et les SUV/4×4 se taillent la part du lion avec environ 36% chacun, alors que les vans/ludospaces détiennent 15,5% du marché du neuf
Audi, leader du premium et même
dans le top-10 VP !
Du côté des labels haut de gamme, leurs ventes représentent toujours plus de 10% du marché VP, mais progressent plus que les généralistes.
Pour la 3ème année consécutive, Audi arrive en tête du marché premium avec un nouveau record (4.432 unités), suivie par BMW, Mercedes-Benz et Volvo qui prend le dessus sur Jeep. Surtout, la marque aux anneaux clôture l’année en faisant son entrée dans le top-10 des marques au classement VP, au détriment de Fiat. Dans ce segment premium, on remarque que la part des modèles électrifiés est d’environ 4%, soit bien plus qu’elle ne pèse du côtés des marques généralistes (0,6%). Cette importante part dans le premium concerne surtout la technologie hybride rechargeable ou PHEV, qui est dominée et tirée par les ventes (PHEV) des marques Porsche (130), Land Rover (112) et Mercedes-Benz (104).
Une demande atone en électrification
Au demeurant et s’agissant toujours des technologies alternatives, l’hybride demeure la locomotive des ventes dans ce segment vert, sous l’impulsion de Toyota qui détient 56% de part de marché, devant Hyundai (21%) et Renault (6%). Segment encore balbutiant, le marché du 100% électrique n’a totalisé que 463 ventes, ce qui ne représente qu’un petit 0,3% du marché VP, mais tout de même une croissance de 133% par rapport à 2022. Au total, seules 7.165 véhicules électrifiés (hybrides, hybrides rechargeables et 100% électriques) ont été immatriculés en 2023, ce qui ne représente que 4,5% du marché, alors même que l’offre a doublé en 1 an, avec quelque 82 modèles proposés par 24 marques (71 modèles proposés par 18 marques en 2022). Par type d’énergie et alors que les motorisations électrifiées représentent 4,5%, le diesel a vu sa part baisser à 85,5%, quand celle de l’essence se chiffre désormais à 10,1%. Une donne qui ne devrait pas trop évoluer cette année. À ce propos, les prévisions de l’AIVAM tablent sur une croissance limitée du marché automobile dans sa globalité, avec comme petit et éventuel indicateur de croissance un retour des retardataires qui devaient renouveler leur véhicule l’an dernier ou celui d’avant. Enfin, s’agissant des voitures 100% électrifiées, l’AIVAM compte bien poursuivre les discussions avec les pouvoirs publics afin de promouvoir et soutenir cette technologie propre.