Arnaud Belloni «Renault Clio VI sera un modèle de conquête»

Arnaud Belloni
Directeur Marketing Monde de Renault
Propos recueillis à Munich,
par Jalil Bennani
Drivers Life : Concernant la toute nouvelle Clio que vous venez de révéler, que prévoyez-vous pour son spot publicitaire télévisé ? Allez-vous continuer à surfer sur le thème de l’amour comme ce fut le cas pour le modèle sortant ?
Arnaud Belloni : Oui. En fait, quand on avait fait la pub du modèle sortant, je savais que celle-ci était très belle. Du coup, on a machiavéliquement choisi le thème de l’amour pour le reprendre sur la nouvelle Clio. Donc la pub, vous venez de la voir, puisqu’elle est passée en fin de la présentation. C’est le spot où vous avez vu la Clio 6 en Rouge Absolu, avec les battements de cœur et la musique du groupe Archive (NDLR : chanson «You make me feel»), sauf que maintenant que la voiture est révélée, je vais tourner de nouvelles séquences images de roulage. Et pour répondre à votre question, ce sera toujours le thème de l’amour. Ceci dit, j’ai un deuxième spot, actuellement en cours de tournage et qui, lui, est beaucoup plus poétique et qui seras un peu autour de quelque chose d’intermédiaire entre le film de Roméo et Juliette avec Leonardo Di Caprio et Marie-Antoinette de Sophia Coppola, c’est-à-dire un film très étrange autour de la muse Clio.

DL : En termes de stratégie marketing à court et moyen termes, sera-t-il question de jouer la continuité ou plutôt d’innover, voire de jouer une partition plus disruptive ? En d’autres termines, y a-t-il un avant et un après Luca De Meo en matière de marketing et de communication ?
AB : Euh, c’est un peu une question piège. C’est vrai que Luca a beaucoup soutenu le marketing. Donc, probablement que je n’aurais pas pu faire tout ça durant ces cinq dernières années si Lucas n’avait pas été là. Cela dit, je l’ai fait et mes équipes l’ont fait. Donc, on est capable de faire des pubs sans Luca et je ne dis pas ça méchamment, mais pour répondre à votre question, on a prévu de continuer tout à fait librement. D’ailleurs et pour être très clair, on a un an et demi d’avance dans la pub. Dans mon métier on a énormément d’annonces. Donc, pendant un an et demi vous allez voir une communication dans la continuité. Simplement, j’essaie chaque fois d’innover. Sur cette voiture, on va un cran plus loin, un cran plus haut et sur la Twingo, on va faire quelque chose d’assez sympa aussi et ça ne trahira pas du tout ce qu’on a fait depuis 5 ans, car de toutes façon, une marque qui marche en marketing faut pas faire des coups de barres à gauche et à droite, il faut une logique, une évolution douce et à petits pas, mais toujours en montant, pas en descendant.
DL : Pensez-vous que la cible de clientèle soit foncièrement différente entre la nouvelle Clio et sa future petite sœur 100% électrique, la Twingo ? Que prévoyez-vous pour euse dernière en termes de marketing est am ?
AB : Alors déjà, nous n’allons pas du tout vendre la Clio aux gens qui vont acheter la Twingo. D’abord parce que la Twingo, c’est une citadine, plus petite, électrique et 100% électrique. Donc, clairement ce sont deux clientèles différentes. La clientèle de Clio, elle est probablement exactement la même d’aujourd’hui. euh si on en vendix-sept en plus-moi j’ai pas de problème. En revanche, elle a un atout cette Clio là, c’est que c’est la première Clio capable d’aller chercher des clients hors Clio et donc des clients d’autres marques. On va pouvoir taper à la porte de gens qui avaient des Fiesta ou des Punto qui sont des modèles qui n’existent plus. Donc, Renault Clio VI sera un modèle de conquête.
DL : Croyez-vous qu’il est possible de faire des merveilles sur le plan marketing tout en ayant des budgets limités ?
AB : Oui, le budget de Renault n’était pas forcément bien utilisé, pléthorique et très dispersé. Donc, j’ai fait le travail de rationalisation du budget mais je suis arrivé, à peu près, à son point de stabilisation et dans les années à venir, il va se stabiliser. Nous sommes dans un syndrome qu’on connaît déjà, qui consiste à toujours baisser les budgets d’année après année et cela, ça nous amène dans le mur. Donc, nous on est plutôt en train de stabiliser là. Par contre, on garde les recettes : concentration, film mondial, aucun compromis dans la qualité du film, on raconte une histoire à chaque fois, qualité d’exécution, belle musique etc…
DL : En gros vous capitalisez sur les recettes de ces cinq dernières années qui ont fait qu’on pouvait faire très bien sans que cela coûte forcément trop cher ?
AB : Oui voilà, exactement.
DL : Dans le temps, on pouvait voir au catalogue de la Clio des versions très spéciales comme qui la Clio Williams et la Clio Baccara… Pourrait-on pourrait voir demain une Clio badgée Hermès Dior ou Vuitton, sachant que la France est la championne mondiale du luxe dans la mode, mais pas dans l’automobile (de luxe) ?
Alors, la Clio Baccara a été remplacée par la Clio Esprit Alpine. Euh, la Clio Williams, elle, n’existe pas, mais il faudrait demander à Bruno Vanel (NDLR : Directeur de la performance produit chez Renault), mais c’est une très bonne idée. Je pense qu’effectivement ce serait une très bonne chose de sortir une Clio radicale. Nous n’en avons pas parlé entre nous, mais je pense que tout le monde a envie que ça se fasse. Alors, ça ne serait pas Williams, car c’est une autre marque, mais ça pourrait être un autre label pour une Clio radicale. Quant aux marques de luxe que vous avez cité, elles sont beaucoup plus regardantes et n’acceptent pas trop ce genre de choses.
DL : Pourtant, de l’autre côté des Alpes, nous avons vu des marques comme Fiat et Maserati collaborer avec les maisons de luxe italiennes pour aboutir à des séries spéciales comme la 500 by Gucci et la Ghibli signée Zegna…
AB : Oui, mais elle sont italiennes ces marques ! L’industrie française du luxe regarde plus durement l’automobile française que l’industrie du luxe italienne a regardé l’industrie automobile italienne. Y a probablement un patriotisme et une solidarité plus forts entre les labels de luxe italiens et l’industrie automobile italienne, qu’entre les marques de luxe françaises et l’industrie auto française. Ce n’est pas une critique. C’est peut-être à nous, constructeur automobile français, d’être beaucoup plus vertueux. Et c’est ce que je m’efforce de faire, pour que cela devienne un jour possible.




